L’un des Charmes au sens magique, ensorcelant du mot, de cet univers, est sans doute la prégnance d’un Seuil : entre la nature donnée et représentable, et celle qui se refuse, la nature en son essence profonde, minérale, impénétrable, se joue d’ordinaire le débat poétique du figuratif et de l’abstrait, des métaphores formelles et des transpositions matérielles, irreconnaissables.
Ici une ambivalence, mieux qu’une ambiguïté qui est toujours faiblesse, règne comme exigence d’un Veilleur d’entremonde, exprimée en images de pressentiments visibles et, à la fois, en jaillissements de l’indiciblement exprimable, équilibre de l’incertitude des frontières.
Cette matérialisation s’accompagne de spiritualité. C’est l’alliage du physique et du métaphysique qui la caractérise, sans une once de l’intellectualité redoutable en peinture.
Ses formes épurées et vigoureuses où se révèle la maîtrise du dessin, ses couleurs franches et profondes respirent la sincérité. Elle propose d’emblée la vision des êtres et de l’univers, sa perception de la nature, et provoque par son étonnante originalité, notre surprise et notre chaleureuse adhésion.
Le monde du visible n’est que celui des apparences, avec ses pesanteurs verticales et ses schistes, ses marnes, ses argiles, ses silex, ses grès, ses calcaires dans ses chaos éruptifs et ses érosions millénaires. Par ces thèmes, Darroz va vers la transparence, vers l’âme et approche la grâce.